8 jun 2011

Le ciel non plus je ne pouvais pas le peindre

Extrait de Le ciel non plus je ne pouvais pas le peindre, disponible dans toutes les bonnes bibliothèques.
Merci à Madame Francine Vernac pour avoir cru en mon talent.


La maladie, c’est toujours la perte de sa dignité. Les sales blancs veulent vous empoisonner parce qu’ils ne désirent pas de collègues cum conscience et dignité parmi eux. Eux, il ne leur reste plus rien. Seulement la peur qu'un jour il n'y ait plus de chèque, parce que toute leur dignité réside dans quelques chiffres de rien du tout. Les grands-pères avaient l'amour de leur simple métier. Les pères n'ont pas su transmettre cet amour-là. Maintenant, les 100 blancs ont des fonctions et c'est tout ce que ça leur prend pour se dire humains. Ils mettent toute leur dignité dans des chiffres vides et sans couleurs, oubliant chaque jour d’enfiler leur sourire. Ne trouvez-vous pas que les machines sont souvent plus humaines que les humains qui agissent en robot? Il faudra régler tout ça avant de partir, Docteur Feller, parce que ça ne peut pas continuer. Tout le monde est malheureux. Ceux qui ont la conscience ont le devoir de faire quelque chose.
Le ciel non plus je ne pouvais pas le peindre, Denise Blais, Éditions Le Loup de Gouttière, 1999, p.108