Anne marche rue Saint-Denis et aperçoit l’érablière de son enfance. Se souvient du sirop d’érable qu’on dégustait chaque printemps. La partie de sucre. La seule vraie fête que l’on se permettait. Une fois par année. Une seule fois par an. L’on pouvait laisser la joie couler dans ses veines au rythme du sirop d’érable que l’on étendait sur la neige, que l’on savourait comme un bonbon de la Vie. L’on se lançait des balles de neige et la Vie pouvait reprendre ses droits. La bataille de balles de neige ne portait plus trace de colère ni de vengeance. La bataille de balles de neige n’était qu’une saine bataille de la fratrie et faisait partie du rituel printanier.
Anne marche rue Saint-Denis, dans ses bottes achetées place d’Italie, et ne pense à rien. Regarde un oiseau s’envoler. Avait oublié qu’il y avait des oiseaux à Paris France. Si absorbée par le macadam, avait oublié. Avait oublié qu’il y avait des oiseaux amis. Des amis oiseaux.
©2010 Denise Blais