Pas d’étoile
au firmament
La France
m’envoie un François
Bienvenue
entrez faites comme chez vous
On parle
folklorique et musique
Zique, zique,
zique
On évite
littérature
Schschschschsch
Van Gogh et
Picasso au galop
François est
mort vive François
On m’envoie
un autre François
Ça
recommence
Musique
folklorique
Schschschschshcsch
Picasso et
Rodin au besoin
Derrière
tous ces palabres anodins
Le point de
fuite toujours le même
Le triangle
maudit
Venez,
n’allons pas danser
Mourons
ensemble dans la clairière abandonnée
Abandonnons
les corps et les émois
Ne restons
pas là
Fuite maudite
Triangle
éternel
Dieu n’est
pas mort
François est
mort
Ascension
fulgurante
Petit nuage
de fumée envolée
Société
infernale
C’est elle
qui l’a tué
Ventre troué
Assassiné
Délivrance
ultime
Enfin le
coma, la joie
Partir, enfin
François est
vivant
Il parcourt
l’appartement
Il le prend,
il l’achète, il le vend
François
rit, il est bien vivant
De petites
rides se sont creusées autour de ses yeux
François a
survécu au suicide du père
François
croit à l’exil en pays lointain
J’accueille
tous les François de la Terre
Et je leur
fais visiter
Bienvenue sur
la planète Terre
Comme elle
est petite
Comme elle
n’est pas grande
Je sais, je
sais
On s’imagine
On imagine
toujours autre chose
La façon
dont le Petit Prince en parlait
Je sais, je
sais
Il faut
s’habituer, c’est tout
Vous vous
habituerez vous aussi
Vous vous
habituerez, François
Et puis, un
jour, on l’aime et on ne veut plus la quitter
Je n’ai
rien choisi du tout
Ni la maison
Ni la couleur
des murs
Ni la forme
des pièces
Ni les
voisins
Ni rien du
tout
Et le voisin
a choisi de m’ignorer
Enfin, lui,
croit qu’il a tout choisi
Lui a tout
Et moi, rien
La roue
tourne
Et je
m’ennuie de toi, François
De cette
unique nuit
Où nous
avons ri comme des fous
Nous avons
épuisé le rire
Il en est
mort
Et l’enfant
n’aura jamais connu son père
Toi, si
vivant, si près de la mort
Toi dans le
lit ricaneur
Parce que la
boule ne peut plus être sérieuse
Que s’est-il
passé?
La boule qui
redevient sérieuse
Qui passe de
la gorge à l’estomac
La boule qui
prend toute la place
Qui anéantit
tout
L’espoir
qui disparaît
Le recours à
l’efface-mémoire
La noyade à
l’eau-de-mort
François mon
amour d’une nuit
Je n’aime
pas l’idée de ta disparition
Je m’y
ferai, c’est tout
Entrez,
entrez, oui, oui, c’est bien ici
C’est ici
qu’on joue sa vie
À gauche,
jeux vidéos
À droite,
jeux de guerre au laser
Copulation
interdite pour raison d’hygiène et de santé
Ici, cartes,
bingo, loterie
Là, échecs,
échecs, échecs
C’est bien
ici qu’on s’amuse ferme jour et nuit
François,
comment c’est là-bas?
L’enfer
c’est la terre
Je n’entends
pas
Qui a parlé?
Tous les
François de la Terre
Par ici le
paradis
C’est
gratuit
Pas besoin de
numéro
Seulement
garder le rang
Tout le monde
sera content
François mon
amour d’une nuit
Donne-moi des
nouvelles
Je t’embrasse
par-delà la grande nuit
Et je t’aime
Même si on
ne sait pas ce que ça signifie
Toute la
Terre est verte
Et toi, tu es
parti
Des chapeaux
pour tout le monde
Et le gagnant
de ce magnifique condo
Est...
François!
Bravo
François! À droite la piscine
À gauche le
garage, en bas le gazon, en haut le ciel
François de
la Terre
C’est beau
la vie, on dit
Par ici, par
ici, la fête n’est pas finie
Qui aura
l’honneur de gagner le premier séjour sur la Lune?
Attention,
les jeux sont faits
Et le hasard
tombe sur...
François
Bravo
François! Un magnifique voyage pour deux!
Tout mon
corps crie
Ne t’en va
pas!
Il est trop
tard
Tu es déjà
parti
Et pour tous
les autres François
Des billets
gratuits
Pour la
grande roue de la vie
Approchez,
approchez
Tout est
gratuit aujourd’hui
Bientôt n’y
aura plus que mon silence
Et tous leurs
cris
Et maintenant
pour les petits
Une offre
toute spéciale
Par ici, les
amis
Tous main
dans la main
Mc’dodo va
vous raconter une petite histoire
Et vous allez
tous très bien dormir ce soir
Le ciel est
plein d’étoiles
La Terre nous
envoie un Terrien
Bienvenue
entrez faites comme chez vous
Folklorique
et musique
zique, zique,
zique
Littérature
et peinture
Schschschschschschsch
Zique, zique,
zique,
Schschschschschsch
Zique,
zique,zique, shcschschschsch
Denise Blais
Montréal,
mai 1998