Je meurs
Je meurs
Et je le vois naître
Il a perdu la liberté
De la nuit
Sauvage
Le jour l'appelle
Comme il ne l'a jamais appelé
Cependant
Il ne me voit pas encore
Son corps a perdu
Tout ce qu'il avait de superflu
Dans son pantalon
Rouge comme le sang
Il s'élance
S'élance
Vers des lendemains
Où sa voix d'or et de velours
N'aura plus peur
De murmurer des mots tendres
Le guerrier de lumière
S'en va à la guerre
Avec son pantalon rouge sang
Et sa veste bleue
Sa voix s'est adoucie
Ses gestes ralentis ont perdu
l'innocence
De la première jeunesse
Cependant il ne me voit pas
encore
Je le laisse partir à l'aube
Sans savoir si je le reverrai
Hésitant sous sa veste bleue
Il me salue à peine
Ses lèvres effleurant les
miennes
Dans un geste machinal
Le guerrier de lumière
S'en va à la guerre
Et me salue à peine
Sous sa veste bleue
Un petit gilet blanc
Qui rappelle celui d'un enfant
Son seul gilet pare-balles
Un petit vêtement d'enfant
Que l'on retrouvera un jour
Sur le champ de bataille troué
de balles
Sa maman morte depuis longtemps
Recevra le guerrier tombé au
champ
Nos longs doigts se sont enlacés
Il y a à peine quelques instants
Maintenant il part
Et me regarde sans me voir
Je meurs
Je meurs
Pendant que je le regarde naître
Il a vaincu la nuit noire
Des alcools sans lendemains
Il deviendra un homme
Il deviendra un homme
Emportant avec lui
Son parfum
Et toutes nos nuits
©Denise
Blais
Valencia, novembre 2015